HERMANN AMANN

Né le 30 juin 1934 à Bad-Bellingen en Allemagne, mort le 26 avril 2020 dans l’Oise en France. Hermann Amann s’initie très tôt à la Pensée en côtoyant malgré son jeune âge le cercle de Bâle et en se liant d’amitié avec le philosophe Karl Jaspers.

Dès 1954, en arrivant à Paris, il se consacre entièrement à la peinture et déjà se manifeste dans ses travaux le refus des mouvements dominants et des arts médiatisés. Amann s’engage alors dans une voie qu’il ne quittera plus, une pratique qui se veut à la fois dialogue permanent avec la philosophie et étude d’un art encore préservé des effets appauvrissants de la mode, à savoir la peinture.

Sachant qu’un tel art ne pouvait faire l’économie de la poésie, du théâtre, de la musique et de la sculpture, il crée en 1971 le groupe « Jacob ou la persuasion » après que Louis Aragon lui eut prêté le titre d’un de ses poèmes. Il exposera la même année avec Gil Wolman, Roland Weber, Isidore Isou, Hélion, Domela, Dufrêne et J-L Brau (membres du groupe) à la Galerie Weiller.

Ses lectures des grands textes sur la couleur depuis Goethe jusqu’à Merleau-Ponty le mènent à présenter en 1974, toujours à la galerie Weiller une exposition personnelle intitulée « Les vingt et une couleurs ». Mais dans les années quatre-vingts, après de nouvelles expositions dans les galeries Spiess, Weiller et Raph, conscient de l’impossibilité qu’avaient les matières picturales existantes à rejoindre « l’espace supérieur de la couleur », il décide de s’employer à la recherche de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques et de nouvelles formes.

Il crée en 1986 la « Nouvelle Pigmentation ». Il s’agissait au départ de montrer que la couleur ne se satisfaisait pas des moyens classiques de présentation (gouache, aquarelle, huile etc.) pour manifester sa puissance réelle. Hermann Amann prend alors conscience que la peinture poursuivait une route qui l’avait mené à représenter des formes de plus en plus uniques en ce sens que, les lignes de Kandinsky, les triangles d’Herbin ou même les drippings de Pollock tirent leur existence d’eux-mêmes et non plus de formes préexistantes qu’il s’agirait de représenter. Si de tels hommes avaient libéré la forme de toutes déterminations représentatives, il devait donc être possible d’en faire autant avec la couleur et de créer une peinture où les couleurs n’auraient d’autres références qu’elles-mêmes: des couleurs qui ne pourraient exister ailleurs que sur la toile. Il dût redéfinir la peinture, l’envisager comme un nouvel espace, absolument autre, où formes et couleurs seraient étrangères à l’expérience humaine avec l’idée que seul une nouvelle peinture pourrait nous suggérer de nouveaux modes de vie. Il s’agissait d’opérer « une nouvelle rupture pigmentaire ».

Ce n’est qu’au début des années quatre-vingt-dix, avec la découverte, auprès du groupe new-yorkais  » New New Painting », du gel polymère (un liant pouvant conserver sans l’altérer la propriété réfléchissante des pigments fluorescents) et l’invention de la particule (une forme ayant la capacité de contenir le fluo en imposant au regard une vision indirecte des couleurs qu’elle recouvre) qu’Amann expose pour la première fois à la Städtische galerie à Göppingen (Allemagne) l’accomplissement de ses recherches.

Dès lors, ayant enfin trouvé un langage unique et neuf, il s’emploie aujourd’hui à visiter différents thèmes de la pensée avec cette technique sans précédent. Parmi ses œuvres majeures participant de la « Nouvelle Pigmentation » on peut énumérer entre autres: Architectones, Habitables, Autour de la terre, Fécondité, Les Quatre Saisons, Les particules, Glas I et Glas II (d’après les livres de Jacques Derrida), Des millions de mondes qui voyagent pour nous, Amour, Ultra pigmentation et La Montagne Sainte Victoire.

Alexis Dahan, 2002.

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